
Filière Intelligence artificielle
Considérée comme la 4ème révolution industrielle, l’intelligence artificielle est désormais au cœur de notre quotidien et s’applique à un grand nombre de domaines : robotique industrielle, véhicules autonomes, détection des pathologies en imagerie médicale, identification d’anomalies financières, reconnaissance vocale, etc. Se développant à une vitesse exponentielle, l’IA va connaître une diffusion massive et diffuse sur l’ensemble des secteurs industriels durant la prochaine décennie (aéronautique, agriculture, logistique, santé, construction, énergie…) mais également dans les services publics, même si son appropriation par les collectivités reste encore timide à ce stade.
L’écosystème régional de l’IA
L’IA est une filière d’excellence à l’échelle de la Région Ile-de-France grâce à un écosystème varié et dynamique de chercheurs, de laboratoires, de formations spécialisées (grandes écoles et universités) mais aussi d’entreprises et de start-ups implantées sur le territoire francilien : 65% des startups françaises spécialisées en IA se situent en Ile-de-France (Cartographie Hub France IA).
En 2018, la Région a lancé un vaste plan d’accompagnement et de financement pour conforter son rôle dans le développement de la filière et répondre à son ambition de devenir la première région européenne en intelligence artificielle (Un plan pour faire de l’Île-de-France la 1re région européenne en Intelligence artificielle | Région Île-de-France (iledefrance.fr)). Avec une enveloppe de plus de 150 millions d’euros, la Région travaille au développement de l’IA dans le PME mais aussi de partenariats avec d’autres territoires dynamiques dans le secteur (Québec, la Bavière, etc.).
Focus : Le démonstrateur d’IA de service public de la Région
Dans la continuité du plan IA et des challenges IA régionaux, la Région a lancé un démonstrateur regroupant des start-ups franciliennes qui vont travailler sur des cas d’usage afin de moderniser le service public :
- L’aide à la recherche d’aides régionales (start-up Aleia) : formulation de réponses à partir d’un corpus documentaire de la région
- Le support informatique (Alfred de LightOn) : simplifier le support information au sein des services de la région
- La valorisation de photos (BeeWant) : aider les agents dans la recherche d’éléments patrimoniaux, mobiliers ou architecturaux à partir du fond photographique régional
- La lutte contre le gaspillage alimentaire (Fullsoon) : améliorer la prévisibilité des repas à préparer dans les cantines de lycée
- La localisation d’actions régionales (Magic Lem) : améliorer la visibilité des politiques publiques régionales (géolocalisation).
La Seine-et-Marne, un potentiel de développement pour la filière
Ces dernières années, un écosystème de start-ups développant des solutions fondées sur l’IA commence à émerger en Seine-et-Marne. Cette dynamique est soutenue notamment par la présence d’incubateurs et de programmes d’accompagnement dédiés aux jeunes pousses du secteur. Toutefois, bien que la filière soit identifiée comme stratégique à l’échelle départementale, elle demeure encore peu structurée. L’écosystème n’a pas encore atteint sa maturité : le nombre de start-ups reste limité tout comme les usages, et l’offre de formation spécialisée est encore en cours de structuration.
La filière IA se concentre actuellement autour de deux pôles structurants :
- L’agglomération Paris – Vallée de la Marne, en particulier autour de la Cité Descartes, où plusieurs laboratoires de recherche travaillent sur les thématiques de la ville durable et intelligente, avec des projets intégrant des technologies d’IA. La Cité Descartes accueille également Descartes Développement Innovation, technopôle de l’innovation et de la ville durable, qui dispose d’un incubateur axé notamment sur les thématiques du numérique et de l’intelligence artificielle.
- L’agglomération de Val d’Europe, portée par le développement de formations supérieures en IA et data science, à l’image du campus Ynov Val d’Europe. Ce territoire accueille également un incubateur – Village by CA Brie Picardie – qui accompagne des start-ups développant des solutions innovantes intégrant l’IA.
La filière IA est par nature transversale, avec des applications possibles dans de nombreux secteurs stratégiques, qu’ils soient matures ou en cours de déploiement sur le territoire seine-et-marnais : l’agriculture (optimisation des rendements agricoles, automatisation des tâches, surveillance des cultures…), la santé (aide au diagnostic médical, prévention, optimisation des parcours de soins, etc.), l’énergie (maintenance prédictive, prévision de la consommation…), l’éducation (personnalisation des apprentissages, détection du décrochage scolaire…) ou l’industrie (optimisation des processus de production, logistique intelligent, maintenance des équipements…).
L’enjeu principal réside désormais dans la capacité des entreprises locales et des acteurs publics à s’approprier ces technologies : intégrer l’IA dans les métiers pour soutenir la transformation digitale, automatiser les tâches à faible valeur ajoutée, concentrer les efforts sur l’innovation, et promouvoir le développement d’une IA frugale et responsable.
Exemples de start-ups de l’IA implantées sur le territoire seine-et-marnais :
The Cross Product (Fontainebleau) :start-up engagée dans la transition écologique (lauréate 2024 de la promotion Greentech Innovation), The Cross Product propose des logiciels de gestion d’infrastructures ferroviaires et autoroutières capables d’effectuer des inspections et inventaires. La combinaison du LiDAR 3D avec l’IA permet de réaliser ces traitements à grande échelle, de manière automatique, rapide et précise.
M-Cador (Vaires-sur-Marne) : start-up qui automatise les tâches d’inspection visuelle à l’aide de la vision artificielle et qui a développé des caméras intelligentes qui peuvent détecter, compter et identifier tous types d’objets et d’entités en temps réel. Le but pour le client est de gagner du temps et d’assister les opérateurs dans les tâches les plus fastidieuses
Evolukid (Meaux) : plateforme éducative spécialisée dans la formation des enfants et adultes aux nouvelles technologies (IA, robotique, data), elle a lancé récemment le programme KESK’IA, qui propose à des étudiants d’un territoire de suivre une formation sur la Data et l’IA et de développer des POC (proof of concept) leur permettant de bénéficier d’opportunités professionnelles auprès d’entreprises partenaires (Société générale, Publicis France, UPS, L’Oréal, Nestlé, SAP…).
Watt Earth (Moissy-Cramayel) : cette entreprise a développé une solution digitale WE.Vision mêlant IA et technologie en temps réel. L’objectif est de réaliser des économies d’énergie, d’anticiper les pannes de machines, etc. L’entreprise analyse les usages et corrige les surconsommations à la source et en temps réel. Cette IA permet de gérer un nombre important de contraintes tout en pilotant sans intervention humaine la complexité de réseaux de consommateurs et producteurs d’énergie (industrie, logements, etc.).
Lili.ai (Champs-sur-Marne) : solution d’assistance virtuelle spécialisée dans la gestion de projet. L’objectif est de détecter les sources de risques au cours d’un projet en optimisant la priorisation des tâches.
Leviaa (Montévrain) : start-up qui fournit une solution souveraine de stockage de données aux particuliers, aux entreprises et aux collectivités. Le stockage de données est réalisé en France sur des serveurs français.
Projets structurants en Seine-et-Marne
- EDF Lab des Renardières : le site compte une quarantaine de laboratoires travaillant sur les applications et technologies du futur en matière énergétique, dont la plupart fonctionnent à l’aide de l’intelligence artificielle :
- Concept Grid : systèmes électriques intelligents développés pour les réseaux de demain en intégrant les EnR et les nouveaux usages de l’électricité, en conditions d’exploitation normale ou perturbée. 10 km de réseau (aérien et souterrain) avec une puissance de 20 Mgw, testés sur un éco-quartier d’habitation de 45 maisons en simulation numérique.
- La maison évolutive : maison test de 94 m² qui cumule l’ensemble des équipements et services énergétiques de demain pour les usages domestiques (objets connectés, chauffage au sol, éclairage, recharge voiture, électroménager…) –> poêle à granulés, convecteurs, pompe à chaleur, batteries, panneau d’eau chaude thermodynamique, onduleur, panneaux solaires sur le toit…
- VERCORS (Vérification Réaliste du Confinement des Réacteurs) : bâtiment réacteur d’une centrale nucléaire à l’échelle 1/3 qui permet d’étudier en accéléré sur plusieurs décennies le comportement du béton et de la structure de l’enceinte interne d’un bâtiment réacteur, notamment son vieillissement, sa déformation et son étanchéité.
- Boucle Energie : réalisation d’études d’identification des mécanismes d’encrassement et de corrosion des générateurs de vapeur des centrales à eau pressurisée et développement de cinétiques de formation de dépôts dans différentes conditions de fonctionnement. Le laboratoire a réalisé une maquette de SMR (mini-EPR) pour tester les futurs systèmes.
- Concept Grid : systèmes électriques intelligents développés pour les réseaux de demain en intégrant les EnR et les nouveaux usages de l’électricité, en conditions d’exploitation normale ou perturbée. 10 km de réseau (aérien et souterrain) avec une puissance de 20 Mgw, testés sur un éco-quartier d’habitation de 45 maisons en simulation numérique.
- ESIEE Paris (Champs-sur-Marne), membre de l’UGE, développe depuis fin 2022 le projet « PRO-6PO », qui vise à développer une ligne préindustrielle pour la production de microcapteurs sur wafers de 6 pouces (150 mm). Unique en Ile-de-France, cette ligne pilote offrira aux entreprises la possibilité de réaliser en un même lieu et sur les mêmes équipements leurs activités de R&D et de pré-industrialisation dans le domaine des micro et nanotechnologies, afin d’accélérer le transfert technologique et la mise sur le marché tout en réduisant les coûts de production. Ce projet en cours de déploiement dans les salles blanches de l’ESIEE Paris a été soutenu dans le cadre de l’appel à projets SESAME Filières France 2030.
Focus : L’IA en Seine-et-Marne, un cas d’usage concret
Le Syndicat des eaux de la Goële (regroupant 26 communes de la Communauté de communes Plaines et Monts de France) a souhaité travailler sur le gaspillage de l’eau. Pour cela, le syndicat a signé un partenariat avec la start-up Leakmited afin d’améliorer la distribution d’eau potable et réduire les pertes. Le rendement en eau du réseau est inférieur à 90%, les pertes d’eau potable avoisinant les 14%. Le Syndicat s’est donc fixé l’objectif d’ici 8 ans de réduire les fuites (liées particulièrement aux joints défectueux ou à l’introduction de racines dans les canalisations) à hauteur de 8%.
Le renouvellement des canalisations est une solution l’opération est coûteuse. Si elles sont renouvelées à hauteur de 1% par an, le syndicat cherche d’autres solutions dont l’usage de l’IA pour repérer et réparer les fuites. La Start-up Leakmited a constitué une base de données de 600 000 fuites rencontrées dans des environnements divers qui permet d’entraîner l’algorithme. Celui-ci peut ensuite identifier des zones à prioriser sur d’autres réseaux.
Une stratégie nationale pour porter l’ambition sur l’IA
Au regard de ses enjeux (économiques, technologiques, sociaux, éthiques, géopolitiques), l’intelligence artificielle fait partie des piliers du plan « France 2030 » et a fait l’objet, en 2018, du lancement d’une stratégie nationale spécifique visant à accélérer son développement (recherche, formations, applicatifs, mise sur le marché et diffusion intersectorielle, soutien et encadrement du déploiement). Celle-ci a pour vocation de positionner la France comme l’un des leaders mondiaux sur des segments clés de l’intelligence artificielle, notamment par le biais d’un investissement massif sur la formation (700 millions €), d’un soutien appuyé à une offre Deep Tech sur l’IA embarquée (objets connectés), l’IA de confiance (sécurisée, durable, transparente) et l’IA frugale (sobre en données utilisées et en énergie consommée) et en facilitant au maximum l’interaction entre l’offre et la demande des entreprises, des administrations et des collectivités en solutions de pointe.
Malgré le nombre limité de grandes entreprises numériques au sein de son tissu industriel, la France a vu essaimer un écosystème de start-ups en IA extrêmement dynamique.
En janvier 2025, le recensement des startups de l’IA publié annuellement par France Digitale a ainsi confirmé la place de leader de la France dans l’écosystème européen de l’IA : 750 start-ups françaises sont identifiées comme développant des produits ou des services intégrant l’IA ou des infrastructures pour l’IA, soit une hausse de 27 % par rapport à 2023, et 63% d’entre elles sont implantées en Ile-de-France.
Ces start-ups de l’IA françaises représentent aujourd’hui près de 36 000 emplois, et plus de 3 500 emplois sont à pourvoir en 2025. Ces start-ups sont présentes dans tous les secteurs d’application de l’IA, en particulier dans la santé/biotechnologies (13%), le développement de logiciel (9%), les transports/logistique (5%) ou l’industrie (5% des start-ups). Les principaux clients de ces start-ups sont les grands groupes (34%), les ETI (20%), les PME (18%). L’Etat et les administrations publiques ne représentent que 16% des clients, et les particuliers moins de 4%.
Répartition des start-ups de l’IA par secteur

L’année 2025 sera décisive pour les start-ups de l’IA en France avec de nombreux défis :
- L’accès aux données : simplifier l’accès, tout en sécurisant le régime juridique applicable (avec une harmonisation également des règles à l’échelle européenne) ;
- L’accès à la puissance de calcul pour se développer ;
- Le recrutement de personnels qualifiés pour répondre aux besoins de développement.
Focus : La stratégie nationale pour l’intelligence artificielle
Le plan France 2030 vise à faire de la France une pionnière de l’innovation en 2030. Pour y parvenir, le Gouvernement a lancé une stratégie nationale pour l’intelligence artificielle (IA), en 2018. Faisant suite à la vision apportée par la mission Villani, la stratégie nationale pour l’intelligence artificielle a jeté les bases d’une structuration de long terme de l’écosystème d’IA, à tous les stades du développement technologique : recherche, développements et innovations, applicatifs, mise sur le marché et diffusion intersectorielle, soutien et encadrement du déploiement.
Outre l’investissement dans la R&D et dans la formation, cette stratégie soutient également l’innovation de rupture en IA dans les secteurs prioritaires : santé, mobilité, sécurité et défense, environnement. Plusieurs outils opérés par BPI France ou le Secrétariat Général Pour l’Investissement ont été mobilisés pour cela.
La deuxième phase de la stratégie nationale pour l’IA prévoit au de consacrer au total 2,22 Mds€ à l’IA d’ici 2025, dont 1,5 Mds€ de financements publics et 506 M€ de cofinancements privés. La contribution publique proviendra du PIA4 (648 M€), d’autres crédits publics (crédits budgétaires des ministères et opérateurs, UE, collectivités à hauteur de 288 M€) et de France 2030 (pour le plan d’investissement exceptionnel dans la formation à l’IA de plus de 700 M€. Sur le total de 1,5 Mds€ de financement public, la formation représente 56 %, les mesures de soutien à l’innovation et économiques 33,5 % et les mesures pour la recherche scientifique et de transfert 10,5%.
En 2024, le Gouvernement a poursuivi son aide à la filière IA en lançant le « programme et équipement de recherche » (PEPR) d’accélération IA, piloté par le CEA, le CNRS et Inria, dans le but de faire émerger des technologies de rupture dans le développement et l’utilisation de l’IA, notamment pour lever les verrous scientifiques de l’IA frugale, de l’IA embarquée, de l’IA distribuée et de l’IA de confiance, et ouvrir la voie à l’engagement de l’industrie française dans le déploiement de l’IA. Ce programme a permis de labelliser 9 clusters IA (dont l’Université Paris Saclay), pôles d’excellence pour la formation et la recherche en IA, qui ont bénéficié d’un financement de 360 millions d’euros.

Pour répondre à la demande toujours plus importante de formation, de nombreux projets au travers du dispositif « compétence et métiers d’avenir » se développent autour de l’IA. De nouveaux lauréats ont été nommés sur les différents appels à projet (AàP) lancés dans le cadre de la stratégie nationale, à l’exemple de LeakMited, entreprise lauréate de l’AàP « démonstrateurs d’IA frugale pour la transition écologique des territoires » qui mène une mission à l’échelle de la Seine-et-Marne (cf. Focus : l’IA en Seine-et-Marne, un cas d’usage concret).
2025 sera marquée par l’entrée dans la troisième phase de la stratégie nationale avec une ambition forte quant à la diffusion de l’IA dans l’industrie, l’action publique, la formation/recherche.
Focus : les annonces du « Sommet de l’IA » du 10 et 11 février 2025
Le Sommet pour l’action sur l’IA à Paris a été l’occasion de plusieurs annonces du Gouvernement, de l’Union Européenne et des entreprises pour accélérer le développement de l’IA :
- Des investissements importants en France à hauteur de 300 milliards d’euros de la part de l’Etat français mais aussi de divers fonds et entreprises (le fonds canadien Brookfield ou l’entreprise américaine Digital Reality) ou d’Etats comme les Emirats Arabes Unis. Le Gouvernement français a annoncé un plan d’investissement de 109 milliards d’euros notamment pour financer la recherche, les infrastructures, la formation d’experts et l’industrialisation des modèles IA en France
- Un plan d’investissements de l’Union européenne de 200 milliards d’euros dans le cadre d’une alliance public-privé (« EU AI Champions Initiative ») dont 50 milliards de contribution de la Commission européenne. Cette enveloppe sera notamment dédiée à la construction de 4 giga factories de l’IA
- Une coopération internationale entre 58 pays dont la France, l’Inde ou la Chine avec la signature d’une déclaration pour une IA « ouverte », « inclusive » et « éthique ».
Des projets spécifiques ont aussi été annoncés en France :
- La définition de 35 sites clés en main en capacité d’accueillir des data centers, soit plus de 1 200 hectares de terrains répartis dans 10 régions pour une installation à partir de 2027. Sur ces 35 sites, 6 sont déjà identifiés sur d’anciens terrains de production d’EDF dans le Grand Est, en Auvergne-Rhône-Alpes et en Ile-de-France.
- La création d’un data center, financé par les Emirats Arabes Unis, au sein d’un campus axé sur l’IA en France avec des écoles, des centres de formation, des laboratoires, etc.
- La création d’un supercalculateur alimenté par l’énergie nucléaire par l’entreprise britannique Fluistack dont la capacité atteindra 1 GW en 2028 ; le site d’implantation n’a pas encore été dévoilé mais une première tranche d’investissements de 10 milliards d’euros a été annoncée (il faudra 4 fois cet investissement pour financer complètement ce projet)
- Le lancement de « Current AI », un véhicule d’investissements pour une IA « d’intérêt général » doté initialement de 400 millions de dollars
- Dans le domaine de l’éducation, l’intégration de cours sur l’IA sera obligatoire dès la rentrée scolaire 2025.
Focus : L’Europe dévoile son plan pour l’intelligence artificielle
Afin d’être leader mondial dans l’intelligence artificielle, l’Union Européenne vient de dévoiler son plan d’actions de l’IA Act. Avec une enveloppe de 200 milliards d’euros, ce plan d’actions s’articule autour de 5 pilliers : construire des infrastructures informatiques, favoriser l’accès à des données volumineuses et de haute qualité, prioriser l’adoption de l’IA dans les secteurs stratégiques, renforcer les compétences et simplifier la réglementation.
Pilier 1 : il repose sur les AI factories et giga-factories dont l’objectif est d’accompagner les start-ups, les entreprises et la recherche dans le développement de modèles et de solutions IA. Un point d’accès unique sera mis en place au second semestre 2025 pour les utilisateurs européens. Ce pilier doit aussi favoriser le déploiement de giga-usines (4 fois plus grandes que les usines actuelles). Pour les financer, il y aura une enveloppe de 20 milliards d’euros et des partenariats publics-privés.
Pilier 2 : ce deuxième pilier a pour objectif de favoriser l’accès aux données volumineuses et de qualité par l’intermédiaire de « laboratoires de données ». La Commission souhaite mettre en place une stratégie de données avec un marché intérieur de données.
Pilier 3 : l’IA devra également être adopté dans les secteurs stratégiques de l’IA, notamment le secteur industriel. Des indicateurs de performance liée à l’IA seront co-construits avec les représentants de l’industrie et du secteur public.
Pilier 4 : l’IA intégrera pleinement le plan stratégique pour l’éducation de l’Union Européenne. Des programmes d’éducation et de formation seront construits.
Pilier 5 : enfin, le plan d’action doit simplifier la léglisation.
Pour aller plus loin : The AI Continent Action Plan | Shaping Europe’s digital future
L’IA : une expérimentation en nette progression dans les services publics
L’intelligence artificielle, si elle est largement déployée dans les entreprises, est de plus en plus expérimentée dans les services publics. En 2022, seuls 19 cas d’usage de l’IA dans le secteur public étaient recensés alors qu’à mi-2024, plus d’une collectivité sur deux annonce avoir mis en place / expérimenté l’IA ou envisage de le faire. Parmi les projets déjà engagés en 2024, 29 % concernent la gestion administrative et 11 % la relation aux usagers. Ces projets représentent à eux seuls 40 % du total et pourraient même représenter 56 % des nouveaux projets en 2025.

Pour consulter l’ensemble des données de l’observatoire : Storage Share
Quelques applications concrètes de l’IA pour les collectivités
L’IA s’impose comme un moyen de traiter la complexité administrative, telle que l’instruction des dossiers d’aide sociale des départements. Une solution conçue par la société Inetum, IODAS, permet ainsi de trier les demandes par type d’aide et de détecter des demandes incomplètes. Cette application IA extrait des données de formulaires Cerfa mais aussi de lettres manuscrites numérisées, encore nombreuses dans la sphère sociale.
Dans le même esprit, Montpellier s’intéresse à l’IA pour exploiter les délibérations. « La publication des délibérations en open data ça ne suffit pas. Trop souvent, seul l’expert du dossier connait l’historique des décisions de la collectivité. L’IA peut grandement aider à le reconstituer » explique Manu Reynaud, adjoint au maire de Montpellier en charge du numérique. La région Île-de-France a également identifié ce cas d’usage et explore parallèlement le tri automatisé des courriers entrants et l’identification des risques de conflits d’intérêt au sein de l’assemblée délibérante.
La lecture et l’interprétation d’images constitue le second terrain de prédilection de l’IA avec de nombreuses applications opérationnelles dans le domaine de l’environnement et de l’aménagement. Le syndicat mixte Val d’Oise Numérique a ainsi fait une démonstration de sa plateforme de détection des dépôts d’ordures illégaux. Nourrie de vues satellitaires haute résolution (30 cm) mises à jour deux fois par mois, l’IA peut repérer n’importe quel dépôt, évaluer son volume et alerter sur sa proximité avec une zone sensible comme un cours d’eau. L’usage de pièges photographiques permet ensuite de trouver les coupables. L’analyse d’images fait aussi partie des cas d’usages explorés par l’Île-de-France, dans un tout autre objectif. « Notre service patrimoine dispose de plus de 200.000 photos aujourd’hui sous exploitées. Avec l’IA nous allons pouvoir décrire les images et y associer des métadonnées« , explique Bernard Giry, DGA transformation numérique à la région Île-de-France. Avec à la clef la possibilité de repérer en quelques clics un type de mobilier précis sur une photo d’église ou de trouver une photo d’élu visitant un lycée pour les besoins du service communication.
L’IGN a de son côté travaillé sur la création d’un jumeau numérique permettant de référencer les fermes solaires. Pour rappel, dans le cadre de la loi ZAN, les collectivités doivent déclarer leurs zones géographiques dédiées à l’énergie solaire. L’IGN a conçu cette solution avec NamR, une startup de la deeptech créée en 2017, spécialiste de la data intelligence au service de la transition écologique. La startup développe des datasets enrichis et de l’imagerie à partir de l’open data, permettant la caractérisation qualitative et quantitative de tous les bâtiments. Il a fallu 2 mois pour construire l’algorithme et l’entraîner à partir de 10 000 photos de fermes solaires. Les premiers résultats sont attendus d’ici fin 2023. C’est une première tentative pour l’IGN, qui devrait travailler sur l’analyse de l’artificialisation des sols par département grâce à l’IA.
D’autres solutions sont testées dans les collectivités territoriales, telles que l’usage de l’IA pour mieux suivre et réduire la pollution de l’air et le bruit (Paris Est Marne et Bois) ou encore l’acquisition et la mise à jour par l’IA des données patrimoniales viaires utiles à l’inventaire et à la gestion des données de l’espace public (Nantes Métropole)
Pour aller plus loin :
- Un rapport de la Délégation aux collectivités territoriales du Sénat sur l’IA et les collectivités territoriales vient d’être publié : Essentiel_IA.pdf
- Les Interconnectés et France Urbaine mettent également à disposition une bibliothèque des IA territoriales : Interconnectés / Bibliotheque IA
- La Banque des Territoires a mis en ligne fin 2024 un site internet « Numérique 360 » qui permet d’identifier des bonnes pratiques et des retours d’expérience sur le numérique, la data et l’IA : Je m’inspire – Numérique360 | Banque des territoires | Groupe Caisse Des dépôts
L’IA « générative », risque ou opportunité pour les services publics ?
L’IA dite « générative », qui a fait une apparition très remarquée début 2023 avec notamment le phénomène ChatGPT, suscite à ce stade autant d’enthousiasme que de méfiance. A Montpellier, l’élu en charge du numérique continue de justifier l’interdiction de l’application pour sa collectivité par la volonté de « faire les choses dans l’ordre en définissant au préalable une stratégie politique autour de l’IA« . La région Île-de-France s’oriente pour sa part vers l’expérimentation de cas d’usage. Une IA générative est ainsi évoquée pour permettre aux franciliens de se repérer parmi les quelques 400 dispositifs d’aide. La région partage cependant la prudence de Montpellier quant à la nature des données à confier à des IA conçues outre-Atlantique. Les deux privilégient des serveurs internes et des IA souveraines dès lors qu’il s’agit de traiter de données sensibles…avec comme corollaire la question du modèle économique dans un domaine très consommateur de ressources. Elles se posent du reste la question du déploiement de « copilot », un assistant basé sur ChatGPT que Microsoft va adosser à sa suite bureautique. Cette nouvelle fonctionnalité, potentiellement accessible à tous les agents, pose un double défi aux administrations. Car au renchérissement des licences – jugé très significatif par les intervenants – s’ajoute celui de la maîtrise des usages et des données.
Du côté de l’Etat, quelques initiatives ont émergé ces dernières années avec le premier Comité interministériel de l’intelligence artificielle générative en 2023 et le lancement d’une expérimentation de l’intelligence artificielle générative dans les services publics : 1000 agents volontaires vont être équipés d’un outil utilisant l’intelligence artificielle pour les accompagner dans la rédaction des réponses en ligne aux avis et commentaires des usagers, lors de leurs démarches en ligne. Les agents superviseront et modifieront la réponse avant de l’envoyer à l’usager. Les données sont totalement anonymisées, la confidentialité est ainsi complètement préservée pour l’usager. Les premiers résultats ont révélé une prise en main de l’outil par les agents qui le jugent utiles :
- Dans les services publics volontaires, 1 réponse sur 2 est facilitée par l’IA ;
- Le temps de réponse moyen est passé de 7 jours à 3 jours ;
- Au bout de 2 mois, 70% des agents ont un ressenti positif de l’utilisation de l’outil. 74% des usagers se disent satisfait de la réponse apportée.
L’IA et l’industrie
L’intelligence artificielle (IA), en particulier avec des modèles comme ChatGPT, a suscité une prise de conscience chez les industriels quant à son potentiel révolutionnaire. Les entreprises investissent désormais entre 0,5 % et 1 % de leur chiffre d’affaires dans l’IA, mettant en avant son efficacité, notamment dans des domaines tels que la maintenance de machines.
L’IA générative s’avère particulièrement utile pour résoudre des problèmes tels que le manque de codification des opérations de maintenance et la nécessité d’adapter les stratégies de maintenance pour des actifs vieillissants. Les industriels voient également l’IA comme un moyen de réduire les coûts de recherche et développement, d’améliorer leur empreinte environnementale et d’anticiper des scénarios de crise.
Cependant, le déploiement à grande échelle est entravé par la nécessité d’harmoniser les données provenant de différentes sources dans les usines, une tâche qui s’annonce coûteuse et complexe. Seulement 7 % des entreprises déploient actuellement ces solutions au rythme prévu, soulignant que l’adoption généralisée de l’IA dans l’industrie est encore à ses débuts
La filière en chiffres (Ile-de-France)
150
laboratoires de R&D IA
710 000
emplois dans l’IA et le numérique
1er
Pôle européen des Deep Tech
85 000
entreprises
600
Start-ups et PME
626
Projets accompagnés
Les acteurs de la filière en Seine-et-Marne
Entreprise











Etablissements d’enseignement supérieur



Pôles de compétitivité



FOCUS : Les usages de l’IA par l’IGN (Institut national de l’information Géographique et forestière)
L’IA et l’industrie
L’intelligence artificielle (IA), en particulier avec des modèles comme ChatGPT, a suscité une prise de conscience chez les industriels quant à son potentiel révolutionnaire. Les entreprises investissent désormais entre 0,5 % et 1 % de leur chiffre d’affaires dans l’IA, mettant en avant son efficacité, notamment dans des domaines tels que la maintenance de machines.
L’IA générative s’avère particulièrement utile pour résoudre des problèmes tels que le manque de codification des opérations de maintenance et la nécessité d’adapter les stratégies de maintenance pour des actifs vieillissants. Les industriels voient également l’IA comme un moyen de réduire les coûts de recherche et développement, d’améliorer leur empreinte environnementale et d’anticiper des scénarios de crise.
Cependant, le déploiement à grande échelle est entravé par la nécessité d’harmoniser les données provenant de différentes sources dans les usines, une tâche qui s’annonce coûteuse et complexe. Seulement 7 % des entreprises déploient actuellement ces solutions au rythme prévu, soulignant que l’adoption généralisée de l’IA dans l’industrie est encore à ses débuts
Partenariats en cours avec le Département

Pôle de compétitivité francilien spécialisé dans les DeepTech (innovations de rupture), dont la mission est d’accompagner ses membres (grands groupes, ETI, PME, académiques…) à conclure des partenariats et accéder à des financements (3,5 milliards d’euros depuis sa création en 2005) au sein de 6 pôles technologiques : data science et intelligence artificielle, cybersécurité, infrastructure numérique et IoT, ingénierie numérique, optique et photonique (dont les technologies quantiques) et open source.
Événements

Big Data & AI
250 exposants

Hello Tomorrow
(salon de la Deep Tech)
13 et 14 mars 2025
Remise de prix

Viva Technology
(Startup and Tech Event)
11-14 juin 2025
500 innovations

Salon des solutions et technologies
300 exposants
60 conférences
Dispositifs de financements
nationaux ou régionaux

Vous avez des questions ? Contactez-nous
Vous portez un projet d’implantation en lien avec la filière agricole ou agroalimentaire ? N’hésitez pas à consulter Seine-et-Marne Invest, la plateforme de référencement du foncier et immobilier d’entreprise en Seine-et-Marne, ou à nous contacter directement.