Cette étude pilotée par Intercommunalités de France et la Banque des Territoires offre un premier panorama des acteurs de l’ESS investis dans le champ de l’industrie et dresse un état des lieux des leviers et des freins du passage à l’échelle industrielle des entreprises du secteur.
L’ESS représente aujourd’hui 14 % des emplois du privé et 10% du PIB. Les entreprises du secteur comptent pour 0,8 % du total des entreprises industrielles et 1,3% du total des salariés de l’industrie. Elles sont majoritairement constituées sous forme de coopératives (2/3 des structures et effectifs) et représentées dans divers domaines industriels tels que la fabrication et transformation de produits finis et semi-finis, l’économie circulaire (écologique industrielle territoriale, réemploi etc.) en passant par les services RH (intérim d’insertion notamment) ou bien encore la sous-traitance industrielle.
Si elles ont un rôle croissant à jouer dans la réindustrialisation en favorisant l’insertion, la relocalisation des activités et les filières courtes notamment, elles doivent lever un certain nombre de freins pour le passage à l’échelle, freins pointés par l’étude :
- Frein n°1 : La méconnaissance réciproque entre les entreprises de l’ESS et les entreprises industrielles conventionnelles avec par exemple un manque de notoriété des acteurs de l’ESS et une méfiance mutuelle entre ces deux écosystèmes.
- Frein n°2 : Le risque de concurrence avec les acteurs industriels conventionnels, risque avéré sur la production Made in France et, en ce qui concerne les entreprises de l’ESS industrielles spécialisées dans le traitement et la valorisation des déchets, sur l’accès aux gisements disponibles de qualité.
- Frein n°3 : La méconnaissance des financements disponibles pour le changement d’échelle et des difficultés d’accès aux outils d’investissement existants, en particulier dans le domaine de la R&D.
- Frein n°4 : Une problématique d’accès à l’immobilier en raison des tensions croissantes sur le marché et à l’incapacité des structures de l’ESS à supporter des coûts ou charges toujours plus élevées.
- Frein n°5 : Une problématique de ressources humaines dans l’ESS avec des difficultés à fidéliser les fonctions support stratégiques et à attirer de la main d’œuvre qualifiée sur les processus industriels.
L’étude formule enfin des recommandations auprès des parties prenantes (acteurs publics locaux et nationaux, acteurs de l’ESS, industriels, financeurs etc.) pour dépasser ces freins en termes d’accès au financement, de foncier, d’attractivité des métiers notamment :
- Levier n°1 : Favoriser les coopérations économiques entre entreprises de l’ESS et entreprises industrielles conventionnelles sur des volets tels que : l’approvisionnement responsable, les partenariats commerciaux, la démarche de R&D, la chaîne de valeurs de la production industrielle etc. Il s’agirait par exemple de renforcer les plateformes de référencement pour simplifier l’identification de partenaires issus de l’ESS pour les acteurs industriels, de favoriser des rencontres entre ces deux écosystèmes, de soutenir la structuration des écosystèmes territoriaux (ex. des Pôles Territoriaux de Coopération Economique), de mutualiser leurs ressources humaines ou bien encore de permettre l’accès aux entreprises de l’ESS aux outils de production des acteurs industriels conventionnels « sur site ».
- Levier n°2 : Promouvoir et/ou adapter les stratégies et les outils de financement existants avec par exemple le recours à différentes stratégies de financement (ex. financements intermédiés de type obligations à impact social, financements via des actions de mécénat).
- Levier n°3 : Développer une stratégie foncière facilitant l’accès des entreprises de l’ESS à des locaux industriels via la réhabilitation de friches industrielles en faveur d’activités à forte utilité sociale et environnementale, le soutien aux partenariats avec des foncières solidaires, des projets de foncier partagé etc.
- Levier n°4 : Faire des entreprises de l’ESS des partenaires RH incontournables pour le recrutement des talents dans l’industrie avec des programmes de formation à impact déployés par les entreprises de l’ESS, le soutien aux démarches territoriales de Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPECT) dans le domaine de l’industrie, la sécurisation du recrutement des salariés en insertion en fin de parcours, la structuration d’une marque employeur etc.
- Levier n°5 : « ESS-iser » les filières industrielles en accélérant les achats responsables dans la commande publique, en développant l’éco-socio conditionnalité des aides versées aux industries, en expérimentant ’une TVA à impact par exemple.
L’étude conclut que les entreprises de l’ESS qui réussiront leur changement d’échelle offrent des opportunités structurantes pour la souveraineté industrielle et le développement économique et social des territoires. Elle rappelle l’importance d’accélérer les coopérations territoriales entre les acteurs publics, les structures ESS et les entreprises conventionnelles sous l’égide de l’Etat, des régions et des intercommunalités.
Pour aller plus loin : Réindustrialisation-l’ESS comme levier de croissance.pdf (banquedesterritoires.fr)
Source de l’image : Banque des territoires et Intercommunalités de France.